DMDM 3.0 laisse sa place à desmotsdeminuit.fr

 

Comme prévu le blog DMDM 3.0 s’arrête pour laisser la place au site beaucoup plus fourni desmotsdeminut.fr visitez-le!

Vous avez été nombreux à naviguer sur ce blog. Votre enthousiasme a été un efficace soutien qui nous a aidé à construire ce nouveau site. Depuis 7 mois, plus de 160 articles ont été publiés sur DMDM 3.0, ils restent consultables à volonté et, pour leur grande majorité, ont été intégrés au fond de desmotsdeminuit.fr

La nouvelle offre emmenée par Philippe Lefait revient à l’essentiel de ce qu’a été pendant 13 ans Des Mots de Minuit sur France 2: exigence et découverte. Vous la retrouverez au fil de deux propositions phares: L’émission, un entretien avec deux invités et Tripalium, une série documentaire sur le rapport des français au travail. Et des nouveautés qui apparaîtront au fil du temps, de nos envies, des vôtres aussi.

Mais ça n’est pas tout. Matricule, Bistro, des billets de temps à autres, des chroniques régulières, Ciné, cincoche qui continue et des nouveautés: Le journal d’une thésarde, chaque vendredi, Le journal d’un photographe, chaque mercredi. Et de la musique avec, notamment, la discothèque dmdm, reprenant les meilleurs lives de l’émission.

Merci! On se souhaite longue vie.

L’équipe de desmotsdeminuit.fr

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Journal d’une thésarde. Lettres ou ne pas être #2

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On ne naît pas thésard, et on s’étonne souvent de l’être devenu… Un choix de vie assumé, au prix de quelques angoisses.

« Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres », Marcel Proust, À La Recherche du temps perdu, Pléiade, I, p. 19.

Petit florilège des réactions familiales et extra-familiales quand on annonce qu’on fait une thèse, ou quand on l’est depuis trois mois :

Une amie :

  • Non mais Anna, quand est-ce que tu vas arrêter de faire des études ? Et du coup tu restes dépendante financièrement de tes parents ? Moi ça me ferait flipper, à notre âge…
  • Non mais en fait ça fait 5 ans que je suis indépendante financièrement (alors qu’il me semble que tu es « entretenue » par ton mari, après l’avoir été par tes parents pour ton école de commerce, non ?), à l’ENS j’étais payée, après j’ai toujours fait des stages un minimum rémunérés, et là c’est comme si j’avais un CDD pour trois ans avec l’Université de R… Donc c’est quoi le problème ??

Un cousin éloigné :

  • Alors, quand est-ce que tu es enfin utile à l’Etat ?
  • Ben je donne des cours à la fac depuis deux ans, quand même, et le niveau n’est pas tellement bon donc ça me paraît utile d’apprendre les participes passés à des élèves de 18 ans qui vont devoir écrire des dizaines de lettres de motivation pour décrocher un stage…

Un ami d’amie :

  • Quand on pense que nos impôts servent à payer des allocations de thèse alors que c’est la crise…
  • Oui enfin moi aussi je paie des impôts, et je ne dis pas qu’ils servent à payer les bourses de mes élèves. Et puis les bourses de mes élèves je les trouve utiles : même s’ils deviennent caissiers, pompiers ou financiers, c’est cool qu’on leur ait donné l’occasion d’étudier Ronsard et Apollinaire, et qu’ils sachent que Barrès n’est pas une marque de chocolat à la pistache…

Mon prof d’auto-école, quand je préparais mon projet de thèse :

  • Les profs de fac, c’est vraiment un scandale : ils sont surpayés pour donner six mois de cours dans l’année.

Je suis trop concentrée sur la voie d’insertion et sur notre survie commune pour lui répondre que 3000 euros par mois à 50 ans, quand on a fait 10 ans d’études, ça ne me paraît pas exorbitant. Et qu’aujourd’hui c’est huit mois par an, où on passe son temps à préparer ses cours (parce qu’il faut arrêter de penser que les profs ressortent toujours les mêmes cours), corriger des dossiers truffés de fautes d’orthographe, remplir des charges administratives, publier et republier en vue de l’évaluation annuelle du labo dont dépendront d’éventuels financements, préparer des colloques et des journées d’étude pour faire rayonner le labo, trouver des financements et des partenariats pour l’organisation des colloques et des journées d’étude, qui occuperont les mois de « vacances« , ceux où l’on ne donne plus cours. « Enseignant-chercheur » : huit mois d’enseignement-quatre de recherche.

Et quand il commence à hurler parce que j’ai oublié mon clignotant et qu’on est à 130 sur l’autoroute, mon instinct de survie m’empêche encore de lui répondre qu’on doit être payés autant, lui et moi, pour chaque heure de cours qu’on donne, mais que j’aurais du mal à m’adresser avec une telle violence à un étudiant de 18 ans, – j’en ai 26. D’accord, on est à 130 sur l’autoroute, mais il a le double pédalage. Moi quand on me pose une question embarrassante devant un amphi de 75 élèves, je n’ai pas le coup de fil à un ami pour garder la face.

Ma mère :

  • La réunion de rentrée de ton labo, tu es vraiment obligée d’y aller ? Tu ne vas quand même pas payer un aller et retour pour ça… Tu sais ils s’en fichent que tu sois là ou pas, ils ne s’en rendront même pas compte…
  • Non mais en fait, Maman, c’est mon TRAVAIL, où je suis censée exposer mon projet de recherche, les journées d’étude que je voudrais éventuellement organiser, les difficultés que j’ai pu rencontrer avec mes élèves… Tu dirais à L. (ma sœur, interne en médecine) de ne pas aller voir ses patients ?? Tu crois qu’ils ne s’en rendraient pas compte ???

Petite précision : en lettres comme en chimie, tous les doctorants sont rattachés à un « laboratoire« . C’est vrai qu’en lettres, on n’y fait pas des expériences « pratiques » à proprement parler, mais ça reste un « laboratoire » puisqu’on y mène des recherches, à partir d’une matière qui me paraît tout aussi réelle qu’une cellule-souche ou un spermatozoïde : des textes.
L’éternelle différence de jugement entre sciences humaines (dites ‘molles‘) et sciences dures (jugées « sérieuses« ). Le docteur en lettres, socialement, reste le petit frère méprisé du « docteur« , le vrai : le médecin.

Docteur. Essai de définition :
Docteur 1 : médecin. Fonction indispensable à toute société. Consiste à se dévouer pour essayer de sauver des vies humaines. Considéré comme un notable dans une ville de Province.
Docteur 2 : titulaire d’un doctorat, notamment en sciences humaines. Consiste à consacrer une partie de sa vie à se former intellectuellement. Rôle et avenir non identifiés, et non assurés, dans la société. Généralement considéré comme un parasite.

*

À suivre.
Tous les vendredis, Le journal d’une thésarde.

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Collection « Égale à égal » (Belin) : lutter contre la « normâlitude »

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Chez Belin, une nouvelle collection très accessible, « Égale à égal », remet quelques idées en place pour balayer les clichés et les discriminations sexistes. Les trois premiers titres, très réussis, nous prouvent que la lutte en faveur de l’égalité entre hommes et femmes relève de l’intérêt général. Et ne peut être que profitable à l’économie.

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« Universel ne veut pas dire naturel » (Françoise Héritier)

Plus de soixante ans après la publication du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, quelques piqûres de rappel ne peuvent être que bénéfiques dans la lutte pour l’égalité entre les sexes. C’est ce que propose la nouvelle collection « Égale à égal » lancée par les éditions Belin et dirigée par Annie Batlle, Hélène Kloeckner et Catherine Vidal, en partenariat avec le Laboratoire de l’Égalité. Chiffres à l’appui, les trois premiers titres de la collection rappellent, pour ceux qui en douteraient, que les stéréotypes et les discriminations sexistes continuent à peser de manière décisive sur le quotidien des femmes, dans des sociétés qui paraissent pourtant superficiellement égalitaires. Dans les sphères publiques et privées, le mâle continue, pour une large part, à imposer sa norme… souvent en dépit de la rationalité et de l’équité économique.

Dépassé, le mythe de la ménagère ? Rien n’est moins sûr, quand on lit le sondage de l’Insee que rappelle François Fatoux dans Et si on en finissait avec la ménagère ? : si les femmes, en 2010, consacrent aux tâches domestiques une heure de moins qu’en 1986, vie professionnelle oblige, elles continuent à devancer les hommes d’1h48 par jour. Ménage, cuisine, attention accordée aux enfants, ces activités domestiques constituent une « charge mentale », en termes de gestion, d’organisation et de planification, qui s’ajoute au stress professionnel. Le modèle de la femme au foyer est loin d’être aujourd’hui dominant, mais tout ce qui relève du « care » continue à être considéré comme plus « féminin« . Des enjeux économiques majeurs sont alors soulevés par ces actives qui accomplissent des charges non rémunérées et non reconnues mais indispensables à la société, que l’on pense aux soins prodigués aux enfants ou aux personnes âgées par exemple. F. Fatoux rappelle que le statut de « conjoint collaborateur » a été créé en 2005, pour donner des droits sociaux à ces femmes, notamment en termes de retraite. La valorisation de ces travailleuses « invisibles » reste cependant un défi à relever pour les économistes et les pouvoirs publics.
Et si on en finissait avec la ménagère ? revient aussi sur quelques débats qui ont largement alimenté les stéréotypes et le machisme ordinaires, notamment l’idée que les hommes qui font plus le ménage seraient moins actifs sexuellement et plus prompts à divorcer. F. Fatoux explique et nuance des chiffres qui avaient été mal compris – et qui avaient fait l’effet d’une bombe en 2013 – en rappelant notamment que ces hommes sont souvent mariés à des femmes qui ont un niveau d’éducation et un emploi plus élevés : elles ont donc une autonomie suffisante pour divorcer avec moins d’appréhension.

Égalitaire, le monde du travail ? Dans Les femmes valent-elles moins cher que les hommes? Annie Batlle rappelle qu’au travail « un homme sur deux est une femme« , et que « 54% des femmes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 39% des hommes ». Pourtant, le salaire moyen d’une femme dans le secteur privé et semi-public est inférieur de 20% environ à celui d’un homme, et les femmes restent sur-représentées dans les activités les moins qualifiées et les plus répétitives. Cherchez l’erreur…

Féminisée, la télévision ? À la télévision, les hommes parlent, les femmes écoutent ! d’Arnaud Bihel est sans appel : dans les émissions de débat et de réflexion, les femmes représentent un quart des apparitions, et la parole légitime reste bien le monopole des hommes. C’est ce que résume un constat de la Commission sur l’image des femmes dans les médias en 2011 : « à l’écran, moins de 20% des experts sont des expertes ». À quelques exceptions près, les femmes à la télévision restent de jolies potiches, présentes pour satisfaire la « consommation visuelle » des téléspectateurs.
Comme dans l’ensemble du monde du travail, une politique volontariste semble alors la meilleure solution, et le bâton plus efficace que la carotte. À une échelle européenne, l’Organisation internationale du travail ou la Cour de justice européenne légifèrent régulièrement en vue de promouvoir l’égalité, notamment salariale. En France, la loi Copé-Zimmermann de 2011 introduit le principe de quotas au sein des conseils d’administration, qui restent de véritables bastions masculins. Et un groupe comme France Télévisions a innové avec le projet « En avant toutes » de juillet 2013, qui prend des engagements chiffrés ambitieux.

En 70 pages claires et aérées par des « zooms » et des citations-choc, ces trois premiers titres réussissent le pari de rendre les idées plus claires sur des sujets qui structurent nos sociétés et nos quotidiens. Les références à Françoise Héritier ou à Michelle Perrot côtoient des sondages récents pour varier les éclairages anthropologiques, sociologiques et historiques. Une bibliographie et une sitothèque ciblées donnent quelques idées de lecture et un quiz, à la fin de chaque livre, permet de vérifier qu’on a retenu l’essentiel.

6387_Mathilda_couv.indd« On ne naît pas Barbie ou Ken, on le devient »
Les trois ouvrages de la collection soulèvent la question de la socialisation et d’une « imprégnation silencieuse » précoce qui aboutissent à l’intériorisation par les petites filles de fonctions et de rôles dévalorisés socialement. C’est ce que Bourdieu nommait la « violence symbolique« , qui s’exerce sur les classes sociales défavorisées : elles ont tellement bien assimilé la situation d’infériorité dans laquelle la société les place qu’elles n’envisagent plus aucune remise en cause de cette structure sociale.
Les trois premiers titres de la collection le rappellent : les livres pour enfants, et plus globalement l’industrie du jouet, ont une influence désastreuse en formatant les comportements des unes et des autres. Pour éviter ces écueils, l’association Lab-elle a créé un label attribué aux albums illustrés qui s’éloignent des stéréotypes sexistes en proposant des rôles féminins et masculins plus créatifs. Chez Belin, le livre C’est moi le chef ! (à partir de 5 ans) de Luan Alban et Anne Montel joue par exemple avec la place des femmes en politique en racontant l’histoire d’une petite fille, Mathilda, qui décide de réformer les lois établies chez elle. Pour mener à bien sa révolution, elle se rend auprès de toutes les autorités de sa ville, que semble caractériser une belle parité : après le médecin, la directrice et les policiers, le premier ministre l’oriente vers l’ultime décisionnaire, la très british et très réceptive Reine. Les nouvelles lois proposées par Mathilda ne sont pas absolument à la hauteur de ses espérances mais la petite fille ne renonce pas pour autant à ses ambitions et ne manque pas de se répéter tous les soirs, avant de s’endormir : »Quand je serai grande, je serai chef!« .
OMBREScouvLe livre Ombres et Petite-Lumière de Patrice Favaro (à partir de 9 ans) raconte également l’histoire d’une petite fille de l’état du Kerala qui tente de briser le carcan dans lequel la société indienne enferme les filles. À l’occasion d’une représentation de tholpava koothu, le théâtre d’ombres du Kerala, elle réussit à briser les barrières invisibles qui éloignent les filles de ce monde très fermé : son père accepte alors sa vocation artistique. Quel que soit l’âge, l’influence des lectures et des films est donc fondamentale dans la formation des caractères et les choix de vie. Il n’est jamais ni trop tôt ni trop tard pour conquérir sa liberté et son autonomie.

Annie Batlle, Les femmes valent-elles moins cher que les hommes ?, Belin, collection « Égale à égal », 2014, 5,90 euros.
Arnaud Bihel, À la télévision, les hommes parlent, les femmes écoutent !, Belin, collection « Égale à égal », 2014, 5,90 euros.
François Fatoux, Et si on en finissait avec la ménagère ?, Belin, collection « Égale à égal », 2014, 5,90 euros.
Patrice Favaro et Françoise Malaval, Ombres et Petite-Lumière, Belin jeunesse, collection « Terres insolites », 2013, 6,90 euros.
Luan Alban, Anne Montel, C’est moi le chef !, Belin jeunesse, 2013, 24×28 cm, 12,90 euros.
Editions Belin

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Ciné, cinoche #140514

gaudi_le_mystÈre_de_la_sagrada_familia_photo_2_@_sddistribution« Gaudi, Le Mystère de la Sagrada Familia« , un documentaire qui retrace l’histoire de la construction toujours inachevée de la Sagrada Familia à Barcelone. Et « I used to be darker » en DVD.

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Tripalium. La série documentaire Des mots de minuit. Fabienne. L’intégrale.

Tripalium Bichet01« Tripalium » interroge le rapport des Françaises et des Français au travail. Cette semaine, Fabienne. Elle est directrice de casting.

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Journal d’une thésarde. Lettres ou ne pas être #1

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On ne naît pas thésard, et on s’étonne souvent de l’être devenu… Un choix de vie assumé, au prix de quelques angoisses.

« Les jours sont peut-être égaux entre eux pour une horloge, mais pas pour un homme. Il y a des jours montueux et malaisés qu’on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train, en chantant. Pour parcourir les jours, les natures un peu nerveuses surtout disposent, comme les voitures automobiles, de « vitesses » différentes ».
« Raconter les événements, c’est faire connaître l’opéra par le livret seulement ; mais si j’écrivais un roman, je tâcherais de différencier les musiques successives des jours. »
 (Marcel Proust, « Vacances de Pâques », Le Figaro, 25 mars 1913).

Un début de thèse, c’est comme un opéra dont on ne connaît encore ni le livret, ni la musique. Ou comme un opéra qu’on avait toujours rêvé d’aller voir, dont on paye cher la place en catégorie 5 : on s’assoit, en s’attendant à la consécration par le chef d’œuvre, et puis on a progressivement l’impression qu’on n’a pas été totalement initié à ce qui est en train de se passer, à la différence des visages satisfaits qui nous entourent. Et là, comme il reste encore trois heures de spectacle, on se demande forcément si on n’a pas gâché son samedi soir.

*

Ceci dit l’opéra, je n’y ai jamais été initiée, et ça ne m’empêche pas d’adorer les rares fois où j’y vais. De même la thèse, je n’en avais jamais rêvé, ni à 8 ans, ni à 17, ni même à 24 ans. Mais après plusieurs stages, j’ai réalisé que j’avais beau vouloir faire du journalisme, je lisais toujours Proust plutôt que Le Point, donc qu’il fallait peut-être en tirer les conséquences qui s’imposent. J’ai fait quelques vacations dans une université parisienne, histoire de voir si l’enseignement était l’aliénation dont on parle tant ; et l’aliénation m’a semblé un moindre mal.
Donc après avoir fait relire mon projet de thèse par plusieurs interlocuteurs qualifiés, j’ai obtenu une allocation pour trois ans. 1600 euros nets par mois, contre une charge d’enseignement (assez réduite) en Licence 1 et 2, l’idéal pour travailler sa thèse à côté. Je n’ai pas eu mon allocation à Paris, ce qui aurait été l’idéal, mais dans une Université dynamique à 1h30 de la capitale. Malgré quelques pressions de l’École doctorale pour que je m’installe à R., j’ai décidé de rester à Paris et de payer mes allers et retours en train : la Bibliothèque Nationale ne déménagera pas, et mon copain non plus.

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Au quotidien, la vie de doctorant (parce qu’on ne dit plus  « thésard  » depuis des années, beaucoup trop péjoratif comme tous les mots en -ard : bavard, trouillard, tocard, Sorbonniquard…), c’est la liberté et le luxe incroyables de gérer son temps comme on veut.
Quand on se réveille à 8h et qu’on a la journée pour lire Proust, c’est presque la même euphorie que se lever à l’aube, et voir le soleil pointer au sommet d’une montagne. On n’est pas sûr d’aller jusqu’en haut, mais le chemin s’annonce agréable.
Et puis quand on remplit sa tasse de café entre les deux chapitres d’une thèse sur l’hypallage ou l’implicite, on a la satisfaction de se dire : maintenant, c’est moi le patron.

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« Doctorant« : je ne sais pas réellement qui a créé ce mot. On disait « doctorat« , « docteur« , mais entre les deux il y a ces longues années de work in progress où on est « doctorant » : on travaille à son « doctorat« , on est progressivement en train de devenir « docteur« . Souvent les mots en –ant, ce sont des participes présents qui expriment une action en cours : marchant, chantant, travaillant… Être « doctorant« , c’est comme devenir une action en cours, l’incarnation d’un labeur interminable. Réjouissant, comme identité.

*

À suivre.
Tous les vendredis, Le journal d’une thésarde.

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Reporter Sans Frontières, 100 nouvelles photos pour la liberté de la presse

Chechnya 1995-1996

Reporters sans frontières publie son 45ème album photos. En accueillant les photographes de l’agence new-yorkaise VII. Des images pour témoigner de l’indispensable présence des journalistes partout dans le monde. Surtout là où c’est compliqué.

L’article complet est consultable sur le nouveau site de Des Mots de Minuit, une suite…

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